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Pierre*, migrant camerounais de 28 ans, vit en Libye, dans une pièce louée qu'il partage avec deux autres hommes depuis plus d'un an. Il rêve de se rendre en Suède. En attendant, il vit de petits boulots pour payer la location de sa maison, se nourrir et espérer, un jour, franchir la Méditerranée.

"Je vis dans une maison à Tripoli, en Libye avec deux Camerounais. Chaque mois, nous devons payer la location. Ces derniers temps, c'est très dur de joindre les deux bouts. Nous payons le loyer au bailleur, un Libyen. Mais le prix augmente. Nous sommes trois pour l'instant mais nous avons été jusqu'à sept personnes dans cette pièce minuscule, qui comprend trois matelas, un réchaud et une salle de bain commune. Lorsque nous nous sommes retrouvés à sept, il était presque impossible de dormir.

En ce moment, je travaille dans la construction de pavillons comme aide-maçon sur des chantiers situés près des zones de combat. Je fais aussi des ménages à Tripoli chez des particuliers. Mais à cause de la guerre, j'ai du mal à trouver du travail.

J'ai quitté mon pays en août 2017 parce que mon père, un policier, avait des problèmes à cause de son métier. Les séparatistes l'accusaient de soutenir le gouvernement et nous menaçaient mes parents, ma sœur et moi. Nous avons dû partir pour nous réfugier au Nigéria. Une fois là-bas, j'ai décidé de laisser ma famille - qui vit toujours au Nigéria - et de partir seul pour l'Europe. Je me suis rendu au Niger avant d'aller en Algérie. J'ai ensuite essayé d'entrer au Maroc mais je n'ai pas pu. Je suis donc reparti pour le sud de l'Algérie, où j'ai rencontré une femme qui m'a demandé 1 500 euros pour rejoindre l'Italie. Comme je n'avais pas l'argent, j'ai dû travailler. J'ai trouvé un emploi de jardinier pour la ville d'Oran.

 

Arnaqué par des passeurs

Une fois la somme récoltée, j'ai transmis l'argent à cette femme. Je lui faisais confiance parce que je connaissais des personnes qui avaient rejoint l'Italie grâce à elle. La femme m'a ensuite assuré qu'elle enverrait l'argent à son correspondant en Libye et qu'en échange, il me ferait traverser la Méditerranée. Mais, comme je ne pouvais pas passer tout de suite, il fallait que j'attende à Tripoli.

Avec mon compagnon de route, un Camerounais rencontré en Algérie, je me suis rendu dans une maison, à Tripoli, le 4 avril 2018, comme le passeur nous l'avait demandé. Nous devions rester seulement quelques jours dans cette maison qui appartient à un Libyen, en attendant que le passeur reçoive l'argent. Mais la femme que j'ai rencontrée en Algérie n'a rien envoyé. Elle m'a arnaqué.

 

* Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressé. 

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